nom Coeur de quartier de Tanneries
maître d'ouvrage Ville de Lingolsheim + Arsea + Sibar
ville Lingolsheim
département 67
concours 2014 Non lauréat
architecte Mongiello & Plisson
architecte coloriste Nathalie Siegfried
paysagiste Acte 2 paysage
ingenieur fluides OTE
ingénieur structure Hagenmuller
ingénieur acoustique Ingemansson
économiste OTE
graphiste Philippe Martyniak
cuisiniste Restho consultant
L’éco-quartier des Tanneries, sur un ancien site industriel, a l’ambition de présenter des qualités urbaines, architecturales, paysagères et environnementales, exemplaires, tournées vers l’avenir.
LES ENJEUX
Pour le cœur de quartier de Tanneries, il s’agit :
De faire cohabiter des programmes variés, au sein d’un même site de manière à constituer, un véritable « lieu » identifié, où il fait bon vivre.
D’apporter une réponse urbaine et paysagère cohérente avec les objectifs et plan d’aménagement de l’éco-quartier, s’articulant, notamment, avec le mail Marie Laurencin et la place Simone Weil.
LE PARTI PRIS
Nous avons opté pour l’affirmation :
d’un ilot dédié à l’apprentissage et à l’habitat et pour une organisation où les « vides » (les cours) sont aussi importants que les pleins (le bâti).
d’un parvis unique ouest-est, complètant celui de la place Simone Weil et dessert les logements et les 3 écoles ; celui-ci devenant le prolongement naturel du mail Marie Laurencin.
d’un cœur d’îlot libéré au maximum.
de cours de récréation formant une coulée paysagère.
Nous proposons que chaque partie du programme bénéficie du tout ; par exemple, que les logements profitent du paysage constitué, que les toitures des écoles deviennent, pour les résidents, des jardins suspendus, dotés de bancs et d’ombrières.
UN PROJET LISIBLE
Le projet s’enroule naturellement autour du grand espace central. Celui-ci cumule 41 ares ! Les cours peuvent communiquer le temps d’une kermesse commune.
Le parvis commun prend naissance sur la place Simone Veil et s’étire jusqu’à l’entrée de l’IMP et de l’éventuel SESSAD.
Les trois écoles ont, ainsi, une adresse sur la rue Maria Callas et les logements sur la rue Mélina Mercouri.
La volumétrie est facilement compréhensible : 2 niveaux d’écoles et de sport, en briques, sur lesquels se posent 5 niveaux de logements, allégés par leur première peau de verre, orientés plein sud.
Calé sur le parvis, le bâti s’étire, vers le nord, jusqu’à la salle de sport, en proposant une façade est, lisible depuis la voie ferrée. Le cœur des Tannerie devient la vitrine de l’éco-quartier.
Le projet n’est pas une addition de programmes mais une entité, s’intégrant dans le plan de l’éco-quartier.
LES SEUILS
Les entrées des écoles font l’objet d’espaces de transitions entre dedans et dehors ; Il s’agit d’entre-deux, abrités, où l’on peut s’asseoir pour attendre les enfants ou l’ouverture de l’établissement. C’est ici que les échanges entre familles peuvent, aussi, avoir lieu. Ces accès protégés, sous les bâtiments, constitués par des décrochés de volumes, sont accueillants, rassurants et protègent des intempéries,
De même l’accès au hall des logements n’est pas frontal, mais présente un parcours à séquences : un portillon, un abri vélo, une courette, un auvent sont autant de signes qui soulignent le passage de l’espace public à la sphère privée.
L’accès au restaurant est également couvert, de tel sorte que les enfants puissent s’y rendre à l’abri.
Des perméabilités, des transparences assurent l’intégration des équipements dans le quartier.
Ainsi la cour de la maternelle est perceptible depuis l’espace public, celle de la primaire est accessible depuis le parvis pour en faciliter l’usage hors temps scolaire.
Le gymnase, lui, est décollé du sol par un vitrage qui établit une continuité visuelle entre dedans et dehors ; On peut ainsi découvrir, depuis l’espace public, des joueurs en action.
LA BRIQUE, LE VERRE ET LE CUIR
L’histoire du site a imposé, comme une évidence, la brique de terre cuite comme le matériau qui exprimerait au mieux l’ancrage du projet dans le sol et dans l’histoire du lieu.
Ce matériau est pérenne et chaleureux. Il ouvre des possibilités de calepinages et de combinaisons de couleurs infinies.
On peut lui prêter un rôle pédagogique dans la compréhension de ses principes d’assemblage et ses systèmes constructifs. C’est cette richesse que nous souhaitons offrir aux enfants.
La brique est aussi un matériau qui sait vieillir. Ici, elle est l’utilisée dans les parties exposées sur le domaine public.
La brique et sa couleur offriront la chaleur rassurante de l’argile, de la terre.
Par contraste, les verres colorés, aux couleurs froides de la façade des logements, se fondent dans le ciel. Ici, on ne cherche pas les teintes soutenues mais des vibrations légères au gré des conditions météorologiques. La dualité briques/vitrages souligne celle des programmes.
Un patchwork coloré est déroulé sur les sols des cours de récréation, le long d’un fil d’Ariane de briques. Ces fragments de sols se prolongent sur les façades du gymnase comme des références aux cuirs qui étaient produits ici. C’est le nuancier de l’autoportrait de Marie Laurencin qui en décline les teintes. Une toile sur la toile !
L’ECOLE ET L’IMP
L’école et l’IMP sont organisés de manière équivalente, avec les petits au RDC et les grands à l’étage. Chaque classe de petits est organisée « comme à la maison », avec des coins réservés à des activités variées. Chacune dispose d’une terrasse couverte avec des bancs de briques. Cela constitue une transition, chaleureuse, presque intime, entre le dedans et le dehors. On peut se rendre directement de la classe vers la cour.
Par beau temps, professeurs des écoles et enfants peuvent travailler dehors.
La direction de l’école contrôle les accès et a un œil sur le parvis.
L’IMP bénéficie d’une double entrée:
Côté parvis, pour les visiteurs, les taxis ou les déposes rapides.
Côté voie ferré, pour les bus. Celui-ci offre un abri et assure une bonne sécurité lors des arrivées ou des départs.
A l’est sont regroupés des bureaux et locaux servants. Les armatures du béton seront reliées par des liaisons équipotentielles et les vitrages seront dotés de films formant protection contre d’éventuelles ondes électromagnétiques.
Complètement intégré à l’ensemble de l’établissement, et protégé, le pôle des autistes bénéficie d’une belle terrasse, plein sud.
LE RESTAURANT
Le restaurant dispose de deux accès :
- L’un, au nord-est, dédié à l’IMP, en contact direct avec son hall d’accueil
- L’autre, au nord-ouest, doté d’un sas, pour l’école.
Les salles sont éclairées naturellement en façade et zénithalement, au dessus de la circulation centrale et du self.
Celles des maternelles et primaires sont délimitées par un cloisonnement bas, qui se déroule pour créer des sous-espaces, protecteurs et enveloppants, intégrant fontaines et dessertes. Celles de l’IMP sont plus indépendantes.
COURS ET LES PREAUX
Les cours spécifiques de l’école et de l‘IMP s’enchainent, constituant des espaces extérieurs généreux.
Les enfants sont protégés par les préaux. Leurs couvertures de verres colorés dialoguent avec la façade sud des logements. Des verres plus sombres apportent de l’ombre.
Les aménagements permettent aux enfants d'évoluer sur des espaces de repos (bancs, modelés de terrains, et sur des espaces dynamiques (structures de jeux, jeux peints au sol, pistes de course). Des arbustes marquent les saisons.
La stratégie végétale est commune pour assurer la cohérence des différentes cours. Le choix des espèces favorise les essences locales, ne présentant pas de dangers et demandant le moins d'entretien possible.
LE GYMNASE
Le gymnase ponctue, au nord, la composition de l’ensemble architectural et s’ouvre en direction de la rue Simone de Beauvoir, agrandissant, ainsi, la placette projetée dans le cadre de l’éco-quartier.
La grande salle, habillée, à l’extérieur, d’un patchwork de toiles tendues, est décollée du sol, par un bandeau vitré.
Elle est éclairée zénithalement par des sheds orientés au nord. Une transparence intérieure met en relation, la grande salle, le hall, la salle de convivialité, les terrains sportifs extérieurs. On imagine, déjà, la grande fête qui mettra en relation tous ces espaces avec les cours et les salles polyvalentes des écoles.
DE L’USAGE DES INSTALLATION EN ACTIVITES PERI ET EXTRA-SCOLAIRE
L’ensemble des locaux destinés aux activités péri et extra scolaire sont regroupés au rez-de-chaussée et à l’étage de l’aile sud. Ils sont faciles d’accès, mais sous contrôle
Les salles polyvalentes sont situées près de l’entrée et en communication avec le préau. Elles peuvent être regroupées offrant ainsi plus de 165 m2.
LES LOGEMENTS
Les logements surplombent l’école. L’orientation sud permet à la façade principale de vivre au rythme des saisons, avec le soleil entrant plus ou moins profondément dans l’appartement. En hiver, les fermetures vitrées constituent des jardins d’hiver, formant tampon thermique protecteur.
La façade sud s’efface en reflétant le ciel. La voici, changeante, dynamique au gré de l’humeur des habitants, des moments de la journée, du temps, de l’ensoleillement, des saisons. Elle frémit au caprice des vents.
L’enveloppe du bâtiment, à géométrie simple, limite les déperditions en optimisant les surfaces de contact intérieur-extérieur. Cela confère à l’architecture une dimension bioclimatique : elle capte l’énergie solaire ; la structure en béton emmagasine la chaleur ou la fraîcheur au gré des saisons
Elle contribue aux performances acoustiques, rendues nécessaire par la présence de la voie ferrée même si le parti architectural permet d’écarter, au mieux, les logements des nuisances sonores.
Les logements ont « pignon sur rue », avec une entrée principale sur la place Simone Veil.
Ils disposent d’une entrée annexe côté est, pour permettre aux automobilistes de stationner près de la voie ferrée.
Ouvert à tous les résidents, les espaces de convivialité sont situés au 1er étage. Ils sont largement vitrés sur une terrasse végétalisée accessible, offrant de belles vues sur la place Simone Veil et sur le mail Marie Laurencin. Ils sont dans une position clé du cœur de l’éco-quartier
L'aménagement des toitures est un élément majeur du projet. Les résidents séniors ont, eux aussi, un accès aux toitures terrasse du R+1 et du R+2 de l’école. Des carrés de culture potagère peuvent se développer. Les locataires bénéficient de l’architecture et des paysages de l’école. Des promenades en terrasses sont offertes.
La plupart des appartements sont orientés plein sud. Ils se prolongent par un balcon transformable en jardin d’hiver. Leurs plans dégagent des vues en diagonale et des transparences internes qui dilatent l’espace.
Les allèges basses des fenêtres facilitent la vision vers l’extérieur, depuis un fauteuil ou un lit. Les balcons agrandissent les séjours. Certains logements voisinent avec les branchages des arbres des cours d’école, d’autres ont des vues lointaines vers les Vosges ou la Forêt Noire.
Construire durable n’est pas seulement question de produits mais d’habitabilité !
Colmar, le 25 mars 2014
Christian PLISSON Architecte