nom Espace Renault
maître d'ouvrage ICADE + CKD
ville Colmar
département 68
concours 2016 non lauréat
architecte Mongiello & Plisson
architecte associé S&AA
graphiste NH Images
Longtemps sous exploité, l’espace Renault de Colmar, aux allures de « dent creuse », est une grande opportunité pour construire la ville sur la ville dans un contexte riche d’atouts.
Au sud de la ville, en connexion avec l’avenue la République, qui est une des entrées majeure de la cité, il se situe en articulation entre la gare, autre point d’entrée, et le centre-ville historique.
Il est, aussi, à la rencontre des deux parties est et ouest de la ville.
DES CONSTRUCTIONS REMARQUABLES
A proximité de cet espace existent des constructions particulièrement bien dessinées et bien construites. Il s’agit, par exemple, de :
- La préfecture, construite en 1866, de style second empire, avec ses façades de briques rouges surlignées par des calepinages de grès
- La gare, avec sa tour d’horloge, aux allures de campanile couronné de cuivre oxydé, construite en 1904, aux façades néo-gothiques de briques rouges soulignées par des encadrements de grès
- La chambre de commerce de 1929, dessinée par le célèbre architecte colmarien Gustave Umbdenstock, dans le style de la Préfecture.
En contact direct avec le site, deux bâtiments sont, aussi, remarquables. Il s’agit de la Maison Départementale des Personnes Handicapées et de l’ancienne Banque de France dont l’aile de la rue Bruat est dotée d’une toiture terrasse.
Si la maison d’habitation et d’activité, construite en 1905, de style néo-gothique, est avec sa tourelle un bâtiment original, il s’avère qu’elle est, malheureusement, située en position bloquante pour permettre le développement d’un projet cohérent sur l’ensemble de l’espace concerné.
L’avenue de la République est composée d’immeubles aux architectures diverses. Néanmoins les façades tendent vers une certaine cohérence par les types de matériaux et par le marquage de leurs planchers et leurs encadrements de fenêtre présentent une unité certaine.
Avec près de 70 ares l’ex-espace Renault est un site important dont l’aménagement aura un impact sensible dans la ville. Il s’agit de « soigner » un îlot qui souffre depuis des années du départ de l’activité automobile. C’est l‘occasion de redonner à ce lieu stratégique une image cohérente et dynamique, à l’image des mutations qui s’opèrent à Colmar, tant à l’est qu’à l’ouest de la voie ferrée.
En complément de toutes ces architectures remarquables, le Champ de Mars, datant du milieu du XVIIIème siècle, et dont la partie sud fut aménagée en parc sous le premier empire, ajoute à l‘environnement des qualités spatiales et paysagères uniques à Colmar.
CONSTRUIRE LA VILLE SUR LA VILLE
A un moment où a lieu une prise de conscience sur la nécessité de limiter l’extension des villes, il est tout à fait opportun de requalifier cet espace aujourd’hui délaissé.
Il s’agit de construire sur ce qui est déjà bâti en respectant ce que l’architecte Luigi Snozzi appelle la structure du lieu : construire la ville sur la ville. Mais le projet urbain ne fait sens que lorsqu’il, définit lui même, un lieu.
Comme le proposait l’urbaniste Bernardo Secchi, à la définition de la « richesse » de Pierre Bourdieu, qui prend en compte le capital financier, le capital culturel et le capital social, on peut ajouter le capital spatial. Comme on le sait, Colmar est riche de son capital spatial.
Le projet de quartier doit s’inscrire dans le tissu de la ville, en assurant la continuité urbaine. Il s’agit de penser la perméabilité du lieu ; de ne pas constituer un îlot que l’on contourne mais un espace d’accessibilité.
DES COUTURES
La qualité d’une ville ne repose pas forcément sur l’homogénéité de ces constructions, mais plutôt sur la qualité de son urbanisme. Ici nous proposons d’assurer les continuités du bâti de telle sorte que, l’avenue de la République, la rue Bruat et la rue de la Gare présentent un alignement de façades cohérentes. La diversité architecturale, elle, illustrera la variété des programmes, tout en assurant l’unicité du tout.
Avenue de la République, deux immeubles, dotés de toitures en pente présenteront leurs façades de briques rouges. Leurs hauteurs seront réglées sur les bâtiments voisins.
Rue Bruat, un nouvel immeuble prendra place dans le même gabarit du bâtiment existant. Une récupération partielle de ce dernier pourra être étudiée dans le cadre du développement des études.
Rue de la gare, deux volumes, l’un de verre, l’autre de briques seront réglés, en hauteur, sur le grand immeuble sud qui est construit en R+5.
Ainsi, le nouvel îlot se greffera-t-il sur le tissu de la ville en ajustant les hauteurs de ses gouttières ou de ses acrotères à ceux des constructions mitoyennes.
Cette cicatrisation sera complétée par l’utilisation de la brique de parement, rouge, et par le marquage des planchers, suivant des éléments de béton blanc qui évoqueront les modes de construction des bâtiments existants.
UN PROJET AUDACIEUX EN HARMONIE AVEC SON ENVIRONNEMENT
L’ensemble des bâtiments situés en périphérie du site garantira les continuités urbaines, de façades comme des volumes, en réalisant un socle où la brique rouge domine. Ici, sont accueillies des activités de bureaux ou de résidences hôtelières. La Maison Départementale des Personnes Handicapées est intégrée à la logique du nouvel îlot. De part et d’autre de cette maison, le projet présente deux immeubles de tailles limitées, adaptées aux constructions voisines, comme des vitrines du projet.
De ce socle périphérique, aux couleurs chaudes, se dressent à l’intérieur de l’îlot un signal blanc, comme un cygne, à la volumétrie douce. D’une certaine manière, un nouveau « pont » est établi entre l’est et l’ouest de Colmar.
Le projet respecte les règles de hauteurs relatives aux voies publiques (H=L) et aux limites séparatives (L=H/2). Mais celui-ci devra être dispensé de la limitation de hauteur de 12m.
Il est à noter que le PLU est à l’étude. Celui-ci intégrera, probablement, des règles adaptées à l’ambition de ce projet, de telle sorte que, comme le prévoit la loi SRU, on fasse appel à la notion d’urbanisme de projet. Ainsi le projet emblématique souhaité par les élus de Colmar pourra prendre forme.
Le projet sera, évidemment, conforme aux réglementations en vigueur, tant au niveau des aménagements paysagers qu’au niveau du bâti.
UN ILOT PERMEABLE
Au cœur de l’îlot, une traversée piétonne est-ouest est ménagée, Elle pourra être condamnée la nuit. Celle-ci permettra d’accéder facilement, à pied ou à vélo, aux bureaux, équipement ou logements, Elle constituera un nouveau lien entre la rue de la Gare et l’avenue de la République.
Cette liaison sera accessible aux véhicules de sécurité incendie, de secours, de déménagement, voire de livraisons exceptionnelles.
Son traitement sera minéral. Elle sera agrémentée de quelques arbres à hautes tiges protégés par des grilles métalliques. Cela conférera au lieu une ambiance de cour urbaine. La végétation envahira les terrasses.
UN ILOT PROTEGE DES VOITURES
Après des décennies d’envahissement du site par l’automobile, celui-ci en sera protégé par la création d’un parking couvert en sous-sol et, en partie, au rez-de-chaussée. Trente places seront dédiées à la Maison Départementale des Personnes Handicapées. Ce parking sera lumineux et doté d’une signalétique et d’une polychromie renforcées. La lumière naturelle sera exploitée.
Le fonctionnement de ce parking sera simple. Il aura deux accès, l’un rue Bruat et l’autre au sud du site sur la rue de la Gare. Chaque programme sera doté de liaisons directes par escaliers et ascenseurs.
La liaison piétonne et cycliste, est-ouest, se fera en toute sécurité.
UN DIALOGUE ARCHITECTURAL
Si les nouvelles constructions dialogueront avec le bâti existant, il en sera de même entre les nouvelles constructions.
Chaque programme présentera une architecture adaptée à sa fonction. La qualité de l’architecture ne repose pas uniquement sur son esthétique mais, aussi, sur sa capacité à prendre en compte les usages. La résidence hôtelière évoquera les architectures voisines de briques rouges et aux fenêtres verticales. Les bureaux, avec leurs façades de verre, au dessin pixellisé en dégradés de blancs et de gris, offriront des vues variées depuis les postes de travail. Leur structure permettra une grande modularité des cloisonnements. Leur architecture dialoguera avec l’immeuble des DNA et annoncera celle de la tour d’habitation.
Cette dernière présentera une double façade qui accueillera, dans son épaisseur des balcons.
A distance, à l’instar de la façade des bureaux, celle-ci fera disparaître la notion d’étages pour laisser la place à un jeu savant d’ombres et de lumières.